ÉOLIEN
Misères de l’éolien en France
Le 17 octobre, la Cour des Comptes a publié
un rapport dédié au soutien à l’éolien terrestre et maritime. Les magistrats de la rue Cambon ont évalué le cadre réglementaire actuel régissant la filière, enrichi des dispositions inscrites dans la récente loi d’accélération des énergies renouvelables, ainsi que les aides financières à la production. La publication souligne le retard pris en matière de déploiement du secteur, avec seulement 80 % de l'objectif atteint pour 2023 stipulé par la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), pourtant revu à la baisse.
« Seul pays européen à ne pas avoir atteint les objectifs de la directive [énergie renouvelable] de 2018, la France doit acheter des « droits statistiques » pour des sommes importantes et encourt en outre des sanctions financières », insiste la Cour. Les freins au développement de l’éolien résident principalement dans les servitudes imposées par la réglementation, la lourdeur et la complexité des procédures d’autorisation, ce qui a pour effet de restreindre la disponibilité du foncier et de ralentir considérablement les projets. Il faut ainsi deux fois plus de temps en France pour construire un projet éolien en mer ou sur terre, que dans d'autres pays européens. La mise en place en 2017 d'une autorisation environnementale unique devait ramener les délais d'instruction à 9 mois, ils sont toujours de 22 mois en moyenne. En outre, la mise en place des mesures de la loi d'accélération des énergies renouvelables se fait dans des délais « incohérents » avec les objectifs de la PPE. La Cour formule ainsi des recommandations susceptibles de faciliter les procédures. La planification de l'éolien en mer est mieux maîtrisée que celle de l'éolien terrestre, mais elle se fait également à un rythme incompatible avec l'objectif de la politique énergétique. En outre, le déploiement de 50 parcs offshore en 2050 s'apparente à un grand projet industriel et la Cour appelle les services de l'État à se structurer pour répondre à cette ambition.