technologies & enjeux / La vie d’un parc éolien

Les étapes d’un projet éolien

Des premières prospections jusqu’au démantèlement d’un site, une fois son exploitation achevée, la vie d’un parc éolien est rythmée par cinq étapes.

Le premier pas est  l’identification des zones favorables à l’implantation d’un parc éolien. Ces zones ont été définies par les DREAL qui répertorient, au niveau régional, les gisements de vent. Ces cartographies intègrent des données techniques, telles que les capacités de raccordement au réseau électrique, ainsi que les différentes contraintes réglementaires, environnementales, paysagères et patrimoniales.

C’est dans la limite de ces zones favorables que les développeurs de projets éoliens vont repérer les terrains qui pourront accueillir les futurs parcs.

Le choix final du terrain se fait sur la base d’un ensemble de mesures destinées à connaître, le gisement éolien du lieu. Pour cela des campagnes sont réalisées à l’aide de mâts de mesure. Elles durent de 6 à 12 mois.

Les principales mesures concernent la vitesse du vent (à l’aide d’anémomètre), l’orientation du vent (à l’aide de girouette), et des données sur l’humidité, la pression atmosphérique et la température de l’air. Autant d’éléments qui influencent la future production éolienne.

Une fois les terrains potentiels identifiés, les développeurs prennent contact avec le maire et les élus des communes concernées pour leur présenter leur projet. En parallèle, des rencontres sont faites avec les propriétaires et exploitants agricoles des terrains identifiés.

Si les retours de l’étude de pré-faisabilité sont bons et que le projet a retenu l’intérêt des partenaires locaux, il faut signer des promesses de bail avec les exploitants et propriétaires agricoles des terrains identifiés.

A ce stade les premières réunions d’information peuvent être organisées pour informer tous les habitants des communes concernées par le projet.

Le développeur a l’obligation de réaliser une étude d’impact pour chacun de ses projets. Il s’agit d’une démarche globale d’évaluation des impacts du projet sur l’environnement et la biodiversité, les riverains, le paysage et le patrimoine local. Ces études sont réalisées par des bureaux d’études indépendants et spécialisés dans différents domaines : acoustique, biodiversité, paysage, etc.

L’étude d’impact est accompagnée d’une étude de dangers, conformément à la réglementation relative aux installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) dont font partie les parcs éoliens.

La construction d’un parc éolien nécessite plusieurs autorisations préfectorales et ministérielles. Le développeur doit déposer des demandes auprès de la Préfecture du département dans lequel est situé le projet. Certaines autorisations sont obligatoires :

  • demande d’autorisation d’exploiter ICPE ;
  • demande d’approbation du réseau électrique interne au parc éolien (instruite par les DREAL) ;
  • demande de permis de construire avec avis de la commune (instruite par la DDT – Direction Départementale des Territoires).

D’autres autorisations ne sont nécessaires qu’en fonction des caractéristiques du projet : demande d’autorisation de défrichement instruite par les DDT, dérogation relative aux espèces protégées, autorisation ou déclaration au titre de la loi sur l’eau, autorisation d’exploiter « électrique » pour tout projet > 30 MW.

Ce sont plus d’une vingtaine de services et organismes différents qui sont consultés dans le cadre de ces instructions. Depuis mars 2017, toutes ces autorisations sont regroupées au sein d’une autorisation unique.

En parallèle des procédures administratives, le développeur éolien doit adresser au gestionnaire de réseau électrique une demande de raccordement. En fonction du réseau sur lequel le parc éolien se raccordera, cette demande est adressée soit à Enedis (opérateur du réseau de distribution), soit à RTE (opérateur du réseau de transport), soit à une ELD (entreprise locale de distribution).

Dans le cadre de l’instruction des demandes d’autorisation, plusieurs consultations sont organisées :

  • Une enquête publique : les projets de parcs éoliens prévoyant des machines de plus de 50 mètres de hauteur de mât sont soumis à enquête publique. Cette phase permet à la population de consulter toutes les pièces du dossier, de demander des explications et de donner son avis sur le projet avant la fin de l’instruction de demande de permis de construire. Cette enquête concerne, au minimum, toutes les communes voisines du site d’implantation prévu.
  • Une consultation de la commission départementale de la nature, des paysages et des sites (où siègent les associations environnementales, de patrimoine, de paysage, etc.) ainsi qu’une consultation de la DREAL qui rend son avis global sur l’étude d’impact menée par le développeur. Ces consultations donnent lieu à la remise d’avis consultatifs qui seront adressés au Préfet.

Sur la base de l’instruction effectuée par la DREAL et des avis rendus par les différentes instances consultées dans le cadre de l’instruction, le Préfet délivre des décisions d’autorisation ou de refus. Cette décision peut donner lieu à un recours contentieux contre une ou plusieurs autorisations ou refus d’autorisation. Dans ce cas, plusieurs années peuvent être nécessaires pour qu’une décision définitive soit rendue.

En amont de la construction, le futur exploitant du parc éolien doit lancer une série d’appels d’offres auprès d’entreprises, souvent locales, pour intervenir pour la réalisation du génie civil, de la pose des câbles de raccordement, pour le transport des éoliennes jusqu’au lieu d’installation, etc.

Le déroulement d’un chantier est le suivant :

  • travaux de terrassement ;
  • fondation en béton des éoliennes ;
  • tranchée pour le raccordement électrique ;
  • montage des éoliennes ;
  • essais de mise en service ;

Les travaux de construction du parc durent entre 6 et 9 mois.

Enfin, après des contrôles par des organismes certifiés, les éoliennes sont raccordées au réseau électrique et le parc est mis en service, ce qui marque l’injection des premiers électrons sur le réseau. Cette période est également celle des tests qui déterminent les réglages d’optimisation de chacune des turbines du parc.

La durée d’exploitation d’une éolienne est en moyenne de 20 ans et peut aller jusqu’à 25 ans pour les modèles récents. A l’issue de son exploitation, un parc éolien est démonté et le site est remis en état. L’état dans lequel doit être remis le site est déterminé dès l’arrêté d’autorisation ICPE, après avis de l’exploitant, du maire et du propriétaire. La plupart des composants de l’éolienne sont recyclés.

L’exploitant peut également décider de prolonger l’exploitation en remplaçant tout ou partie des éoliennes. Aujourd’hui, renouveler un parc éolien nécessite les mêmes autorisations que la création d’un nouveau projet.

Des acteurs territoriaux de plus en plus actifs

Aujourd’hui, les acteurs territoriaux sont de plus en plus actifs dans le développement de la filière éolienne. Villages, collectivités, communautés d’agglomérations ou syndicats d’énergie sont nombreux à l’initiative de projets éoliens, en identifiant eux même des terrains potentiels, en collaborant avec un développeur pour faire émerger le site et en organisant son exploitation, notamment au travers de SEM (société d’économie mixte). Les acteurs territoriaux cherchent à mieux maîtriser leur stratégie énergétique locale et à maximiser les retombées financières de l’exploitation des parcs éoliens.

Afin d’accompagner l’intégration de l’éolien dans la politique énergétique des collectivités, l’Ademe a développé un outil cartographique du potentiel éolien local qui couvre la France métropolitaine, la Guadeloupe, la Martinique et la Nouvelle-Calédonie.

Ce site Internet présente les vitesses des vents à différentes hauteurs et des indicateurs quantitatifs de variabilité de court et moyen termes. Il est notamment possible d’obtenir pour chaque lieu un tableau d’estimation des productibles bruts d’une éolienne de 1 MW selon six hauteurs de rotor (de 60 à 120 m, par paliers de 20 m) et trois toilages (faible, moyen et fort). L’objectif est d’attirer au maximum l’attention des collectivités sur les gisements existants, tout en insistant sur le fait qu’au niveau régional, le réseau électrique n’a aucune difficulté à intégrer la production éolienne.

LEXIQUE

Directions Régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) (DREAL) : services déconcentrés de l’État placés sous l’autorité du préfet de région et des préfets de département, qui sont chargés d’élaborer et de coordonner les politiques nationales en matière de développement et d’aménagement durable, de transition écologique et de lutte contre le changement climatique.

Procédure ICPE : en France, une Installation Classée pour la Protection de l’Environnement (ICPE) est un site, public ou privé, qui peut présenter des risques ou des nuisances pour la commodité des riverains, la santé, la sécurité, la salubrité publique, l’agriculture, la protection de la nature et de l’environnement. Au 31 décembre 2014, environ 500 000 établissements (dont 450 000 installations soumises à déclaration) relevaient de la législation des installations classées.