
Le développement de la filière
Les nouveaux modèles d’affaires de l’éolien
Les Power Purchase Agreements : un modèle d’affaire qui séduit de plus en plus
Le développement de l’éolien en France s’est longtemps appuyé sur des mécanismes de soutien public comme l’obligation d’achat ou les compléments de rémunération. Ce cadre a permis aux porteurs de projets de bénéficier d’une visibilité financière et de sécuriser leur financement. Apparu en France en 2019, un nouveau modèle d’affaire gagne en importance : celui des Power Purchase Agreements (PPA). Ce sont des contrats privés par lesquels un producteur d’électricité renouvelable s’engage à livrer une certaine quantité d’énergie, sur une période déterminée, à un acheteur – souvent une entreprise ou un fournisseur d’électricité. Les PPA visent à garantir un prix stable pour l’acheteur, tout en assurant au producteur des revenus prévisibles, notamment pour les parcs arrivant à la fin de la période d’obligation d’achat.
Depuis 2023, le marché français des PPA éoliens connaît une nette progression. Selon Capgemini Invent, neuf contrats ont été signés cette année-là, représentant un volume annuel de 484 GWh. En 2024, ce chiffre est passé à 11 contrats pour un volume total d’environ 660 GWh/an. À titre de comparaison, entre 2019 et 2022, le volume cumulé n’atteignait que 300 GWh/an.
Cette dynamique s’accompagne d’une étape importante : la signature, en 2023, du premier PPA « greenfield » dans l’éolien en France (voir lexique). Il s’agit de l’accord conclu entre le développeur Voltalia et l’enseigne Leroy Merlin, qui porte sur la réalisation d’un nouveau parc éolien de 23,6 MW en Bourgogne-Franche-Comté. Le contrat prévoit la livraison annuelle de 60 GWh d’électricité renouvelable, soit l’intégralité de la production du parc, pendant 23 ans. Cette énergie permettra au groupe Adeo France, maison mère de Leroy Merlin, de couvrir environ 20 % de sa consommation d’électricité.
Cette première signature a ouvert la voie à d’autres projets : au total, cinq contrats greenfield ont été conclus en 2023, pour un volume de 386 GWh/an, permettant le développement de 160 MW de nouvelles capacités. En 2024, ce sont huit nouveaux contrats de ce type qui ont été annoncés, représentant près de 533 GWh/an. Cette nouvelle approche constitue désormais un nouveau levier de choix pour soutenir le développement de nouveaux projets éoliens avant même leur mise en service.
Des obstacles structurels à dépasser
Au niveau européen, la France reste en retrait par rapport à des pays comme l’Espagne ou l’Allemagne mais l’Hexagone rattrape progressivement son retard. Pour accompagner cette évolution, l’État a mis en place la Garantie Électricité Renouvelable (GER), lancée en 2023 et pilotée par Bpifrance. Cette garantie publique vise à réduire le risque financier pour les producteurs et les prêteurs en couvrant jusqu’à 80 % des revenus négociés en cas de défaut de paiement de l’acheteur.

Pour autant, le développement des PPA éoliens reste étroitement lié aux contraintes propres à la filière, notamment la complexité des procédures administratives, et les délais d’autorisation des projets. Dans le cas des contrats greenfield, les retards de mise en œuvre du parc peuvent être synonyme de pénalités financières. Ces facteurs expliquent en partie la prédominance actuelle du solaire sur le marché français des PPA. Dans ce contexte, les contrats hybrides, combinant éolien et solaire, émergent comme une alternative pertinente et représentent une part croissante des signatures.